Plan climat et chauve-souris

Planète chauve-souris : le Plan Climat ne doit pas oublier les chauves-souris. L’IUT de Bourges sert d’exemple

La rénovation des bâtiments pour atteindre une meilleure isolation est à juste titre une priorité environnementale. Mais le Plan Climat va s’appliquer sur des constructions utilisées depuis des décennies par les chauves-souris, en reproduction, estivage ou hibernation. Les immeubles, tout comme les maisons individuelles, seront concernés. Dans les immeubles, les animaux se nichent au niveau des joints de dilatation, des huisseries, des corniches et autres disjointements. Les Noctules communes et les pipistrelles, les espèces concernées en région, peuvent s’installer à partir du premier étage et il n’y a pas de hauteur maxima pour la colonisation. Quand on sait que 500 000 logements doivent être rénovés par an, on peut se faire du souci quant au sort de ces espèces anthropophiles. D’autant que dans ce programme, il n’est nulle part question d’une prise en compte des chauves-souris.

En 2017, pour tenter de diminuer l’impact du Plan Climat sur les chauves-souris, le muséum de Bourges a lancé un projet de gîtes-nichoirs « Chiro-Box » avec l’université de Nancy et la CPEPESC Lorraine. Notre but était de tester 10 nichoirs suspendus à des terrasses d’immeubles sur l’agglomération de Bourges. Après plus d’un an de suivi aucun des gîtes ne s’est révélé occupé, sans doute face à la grande disponibilité de gîtes en milieu urbain et au fait que ces espèces sont très fidèles à leur gîte initial.

Dans la seconde phase du projet, il s’est agi d’incorporer des volumes colonisables au sein des nouvelles isolations posées sous les façades d’immeubles rénovés. Le bâtiment retenu pour cette première expérience sera celui de l’IUT de Bourges. Ce bâtiment héberge une soixantaine de Noctules communes et une vingtaine de Pipistrelles depuis au moins 20 ans. Six nouveaux gîtes en bois, longs d’un mètre, ont été conçus. Ils reproduisent la forme interne d’une corniche de pont, un gîte très apprécié par les chauves-souris. Une fois tous les animaux évacués des zones à risques du chantier par des dispositifs anti-retour, les nichoirs ont été placés au sommet du bâtiment. Ils sont en phase de recouvrement par des isolants thermiques puis par un bardage final voulu par les architectes. Invisibles aux humains, ils sont placés dans des zones excluant tous futurs conflits d’usage. La vidange du guano et de l’urine se fait par gravité sans porter préjudice aux façades. Un suivi, tout au long du chantier, a permis de valider les systèmes anti-retour pour les Chiroptères. Si les chauves-souris au printemps 2020 s’approprient bien les nichoirs, le principe des prototypes sera validé.

Source : Site du Muséum d’histoire naturelle de Bourges