Les plantes invasives dans la région du Mézenc

L’étude des plantes invasives dans la région du Mézenc a été réalisée par Michel VIALLON.

L’APPEM le remercie pour l’autorisation qu’il donne de la mettre en ligne et d’en faire profiter les internautes intéressés au sujet.

 

Les plantes qui voyagent

A l’époque néolithique, surtout après l’invention de l’agriculture, les plantes ont voyagé. Venues de la région appelée « le croissant fertile », au Proche-Orient, ces plantes sont arrivées avec les céréales.

Ces nombreuses plantes, «compagnes des moissons », ou plantes messicoles, que nous considérons aujourd’hui comme autochtones, sont en réalité des archéophytes, (plantes introduites avant l’année 1500), par exemple: le coquelicot, le bleuet, les Adonis et la Nielle des blés etc.

 

 

La conquête romaine, les invasions  ont apporté en occident des espèces : fruits, légumes, utiles à l’alimentation de populations en expansion. A l’époque de la renaissance, après 1500, (et jusqu’à nos jours), après la découverte de nouveaux continents, de nombreuses plantes alimentaires et ornementales,  furent introduites en Europe, appelées néophytes (Pomme de terre, haricots, tomates maïs etc. venues des Amériques)..

Avec le développement  des sciences, de la botanique en particulier, des expéditions scientifiques lointaines furent organisées,  et la création de jardins botaniques dans toutes les capitales et grandes villes d’Europe, permirent l’acclimatation des nombreuses espèces exotiques récoltées au cours de ces expéditions.

 

 

 

 

De nos jours, la mondialisation des échanges, entraine une accélération de la propagation des espèces végétales. Si la grande majorité de ces espèces, ne posent aucun problème; étant tributaires de l’homme  pour leur pérennisation; (leur expansion reste limitée aux cultures, aux jardins et aux espaces verts).

 

 

 

 

Un petit nombre d’espèces indésirables, possédant un  fort potentiel de dissémination, s’échappent des milieux cultivés. Dans la nature elles concurrencent les espèces autochtones,  appauvrissent la biodiversité, en créant des milieux monospécifiques. Elles posent parfois des problèmes de santé. Leur éradication peut demander des coûts importants. Il convient donc de les connaitre, de les éradiquer si possible, ou de signaler leur présence aux propriétaires, ou aux autorités compétentes, en vue de les  détruire.

 

 

Afin de les connaitre,  voici une liste (non exhaustive) de ces plantes invasives. :

En  caractères gras les plantes invasives rencontrées dans la région du Mézenc.

Nom scientifique

Nom vernaculaire

Acacia dealbata Mimosa des fleuristes
Acer negundo Erable négundo
Ailanthus altissima Ailanthe élevée
Ambrosia artemisiifolia  Ambrosie à feuille d’armoise
Amorpha fruticosa Faux indigo
Artemisia verlotiorum Armoise de Verlot
Asclépias syriaca L. Asclépiade de Syrie
Azolla filiculoides Azolla fausse fougère
Baccharis halimifolia  Séneçon en arbre
Bidens frondosa Bident à fruits noir
Buddleja davidii Arbre aux papillons
Campylopus introflexus Mousse cactus
Carpobrotus edulis Griffe de sorcière
Cortaderia selloana Herbe de la pampa
Egeria densa Egérie dense
Eichhornia crassipes Jacinthe d’eau
Eleodea canadensis Elodée du Canada
Elodea callitrichoides L’élodée à feuilles allongées
Elodea nuttallii Elodée de nuttalli
Fallopia japonica Renouée du Japon
Fallopia sachalinensis Renouée de Sakhaline
Helianthus tuberosus Hélianthus, topinambour
Heracleum mantegazzianum Berce géante du Cucase
Impatiens glandulifera Impatience de l’Himalaya
Impatiens parviflora Impatience à petites fleurs
Lagarosiphon major Lagarosiphon élevé ou élodée crépue
Lemna minuta Lentille d’eau minuscule
Lemna turionifera Lentille d’eau rouge
Ludwigia grandiflora Jussie à grande fleurs
Ludwigia peploides Jussie rampante
Lysichiton americanus Lysichiton d’Amérique
Myriophyllum aquaticum Myriophylle aquatique
Parthenocissus inserta Vigne-vierge commune
Paspalum dilatatum Millet bâtard
Paspalum distichum Paspale distique
Prunus serotina Cerisier d’automne
Rhododendron ponticum Rhododendron pontique
Robinia pseudacacia Robinier faux acacia
Rudbeckia laciniata Rudbeckia laciniée
Senecio inaequidens  Séneçon du cap
Solidago canadensis   Solidage du Canada
Solidago gigantea  Solidage Géant
Spartina townsendii Spartine de Townsend
Spiraea gr. douglasii Spirée du groupe de Douglas
Symphyotrichum groupe novi-belgii Aster du groupe américains

Description de quelques plantes invasives susceptibles d’être rencontrées dans la région du Mézenc

Ambrosie à feuille d’armoise : Ambrosia artemisiifolia

Originaire d’Amérique du nord et introduite accidentellement à la fin de 19ème siècle, Ambrosia artemisiifolia, à tige rougeâtre, mesure de 30 à 100 cm. Ses feuilles très découpées, évoquent celle de l’armoise vulgaire, les inférieures sont  opposées, les supérieures alternes.  Nombreux capitules mâles disposés en longues grappes.   Fleurs mâles verdâtres à étamines pendantes,  fleurs femelles disposées en capitule souvent solitaire à l’aisselle des feuilles. Arrivée depuis peu d’années dans la région du Mézenc cette plante est redoutée pour les allergies sévères qu’elle provoque. Sa présence doit être signalée au « référent ambroisie » qui se trouve dans chaque commune du département. Plante présente dans de nombreuses communes de la région du Mézenc.

Buddleja davidii : Arbre aux papillons

Originaire d’Asie, l’arbre aux papillons: Buddleja davidii est un Arbuste buissonnant très ramifié de 2 à 5 mètres, à rameaux étalés ou retombant; à feuilles lancéolées opposées, vert sombre au-dessus, poilues blanchâtres dessous. Fleurs petites, 5 à 8 mm, odorantes, à tube droit, variant du blanc au  violet foncé, et disposées en longs  panicules coniques. Fréquemment cultivée dans les jardins, elle s’en échappe pour coloniser les grèves des rivières, les friches et autres milieux rudéralisés. Espèce signalée dans les Boutières, région du Cheylard, de Lamastre, mais peu préoccupante dans la région du Mézenc.

Elodea canadensis : Elodée du Canada

Plante aquatique, l’élodée du canada colonise les eaux calmes. Ses tiges de 30 cm à 1 mètre, sont couvertes de très nombreuses feuilles étroites, vert sombre, longues d’environ 1 cm, verticillées par trois.  Tiges formant  des colonies denses,  prenant racine à une profondeur de 30 cm  à 1 mètre 50. Fleurs très petites de 3 mm, d’un blanc-rosé à violettes, à 3 sépales et 3 pétales. L’élodée se reproduit par bouturage, le moindre fragment de tige pouvant régénérer la plante. Eté 2010 les rives du lac se Saint Front étaient envahies par cette espèce (espèce éradiquée depuis). Espèce prisée des aquariophiles.

 

Fallopia japonica : Renouée du Japon

La renouée du Japon, de la famille des polygonacées, fait partie d’un groupe d’espèces  d’origine asiatique, proches les unes des autres: Fallopia  japonica,  Fallopia sachalinensis, et l’hybride Fallopia x bohémica. Ce sont probablement les plantes les plus envahissantes dans la région. Ce sont de grandes  herbacées, de 2 à 4 mètres de haut, formant des peuplements denses, grâce à leurs rhizomes. Leurs tiges sont creuses et épaisses, pourvues, sous les feuilles,  d’une gaine fine,  appelée ochréa.  Leurs feuilles sont très grandes : 12 cm de long, tronquées à la base pour Fallopia japonica, 25 cm et en cœur à la base pour Fallopia sachalinensis, elles sont ovales aigües au sommet. Leurs fleurs sont nombreuses, blanches, ou parfois blanc-verdâtre, disposées en panicules. Introduites à l’origine comme plante ornementale, ces plantes ont  envahi  rapidement les berges des rivières, les friches, les talus routiers, les carrières. L’éradication de ces espèces est très délicate, et nécessite de faire appel à des spécialistes. Les travaux routiers semblent participer à la propagation de ces espèces.

Espèces signalées Aux Estables le mazet St Voy, Araules le Chambon S/ Lignon, dans plusieurs communes de Boutières

Impatiens glandulifera : Impatience de l’Himalaya

L’Impatience de l’Himalaya, se remarque facilement, sur les rives des cours d’eau ou dans les zones humides, en raison de ses étranges fleurs, d’un rouge vif plus ou moins teinté de rose, et d’une taille de 3 à 4 cm. Elle possède une tige forte pouvant atteindre deux mètres, ses feuilles disposées par 3 sur la tige, sont munies à leur base d’une grosse glande. Originaire des montagnes de l’Asie, cette plante fut introduite comme ornementale au 19ème siècle. Au cours du 20ème elle s’est naturalisée dans notre région le long des grandes vallées: Loire et Allier. Elle continue actuellement sa progression sur leurs affluents : Le Lignon, la Gazeille, le Mousse dans la région Mézenc-Meygal. Deux autres balsamines exogènes peuvent êtres rencontrées: Impatiens parviflora et Impatiens balfourii, mais ne présentent pas de caractère invasif.

Senecio inaequidens : Séneçon du cap

Originaire d’Afrique du sud, ce séneçon est arrivé dans des ballots de laine aux centres lainiers, au début du 20ème siècle, (appelé à cette époque séneçon de Mazamet !), s’est rapidement répandu ces dernières décennies sur l’ensemble du territoire. Le Séneçon du Cap, appartient à la famille des Astéracées, c’est une plante de 30 cm à 1 m, formant de grosses touffes ramifiées. Feuilles étroite 2 à 4 mm à dents inégales (inaequidens). Inflorescence  disposées en capitules à fleurs entièrement  jaunes, larges de 15 à 25 mm. Ce séneçon ne se rencontre pas très fréquemment dans la région du Mézenc, et n’a pas pour l’instant un caractère invasif. Ce qui n’est pas le cas dans le bassin du Puy, le nord-est, et le nord-ouest de la Haute Loire. Cette plante s’installe dans des sites perturbés, bernes et talus  des autoroutes et routes, sur les ronds-points. Les bas-côtés de l’autoroute A 75 en direction de Clermont sont presque entièrement  bordés d’une ligne continue de cette plante. Cette espèce est toxique pour les chevaux, elle est signalée au Chambon sur Lignon, Saint Agrève, Mars, Chanéac, et dans les Boutières.

Solidago gigantea : Solidage Géant, et Solidago canadensis : Solidage du Canada

Les solidages géant  et du Solidage du Canada, sont deux espèces très proches,  originaires d’Amérique du nord. Elles furent  introduites  en Europe comme plantes ornementales, et sont devenues invasives, formant des massifs denses de  tiges dressées, de  60 cm à 2 m,  grâce à de courts rhizomes. Feuilles nombreuses  lancéolées, vertes, dentées, de 6 à 13 cm de long.  Fleurs  jaunes, regroupées en capitules, eux-mêmes disposés en larges panicules, au sommet des tiges. Solidago géant est plus invasif que celui du canada. Toutes  deux colonisent les berges dégradées des rivières, les milieux rudéralisés, les friches, remblais. Plantes mellifères. Espèces signalées  au Chambon S/ Lignon,  au Mazet St Voy, Fay S/ Lignon, Montusclat, Laussonne, St Agrève, Mars, dans les Boutières, à Chanéac, au Béage.

En conclusion

Située loin des zones urbanisées, loin des grands axes routiers,  ayant conservé une nature presque intacte : pas de cultures intensives, des prairies naturelles, la région du Mézenc est relativement épargnée par la prolifération des plantes invasives.