La marmotte

 

 

L’Hebdo de l’Ardèche du 08-04-2021


 

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Photo : Olivier PUTZ

Historique de l’introduction :

Entre 1980 et 1991, 108 marmottes ont été introduites sur le massif, par la Fédération des chasseurs de l’Ardèche et le Service départemental de Garderie de l’O.N.C.F.S.(Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage), alors placé auprès d’elle.

Capturées dans les Alpes, en périphérie du Parc de la Vanoise, elles ont été libérées sur deux zones principales : les sites de Borée-la Rochette, au pied du mont Mézenc, et le site du Béage, au pied du suc de la Lauzière.

Les communes des Estables puis des Vastres ont ensuite été colonisées naturellement par les marmottes issues de ces lâchers.
Évolution de la population :

Actuellement, les deux tiers de la population des marmottes se concentrent côté Ardèche (sur 14 communes différentes), un tiers se trouve côté Haute-Loire (sur 9 communes). En outre, quelques familles ont colonisé des territoires hors massif du Mézenc.

Depuis 1988, les marmottes font l’objet d’un suivi annuel, le plus exhaustif possible, assuré par le service de Garderie de l’O.N.C., avec l’appui d’un réseau de volontaires locaux.

Pendant les 10 premières années, l’implantation a été difficile. Depuis, la population ne cesse de croître : elle avoisine le nombre de 600, dont 200 marmottons.

Biologie de la marmotte :

1) description :
Taille adulte : 50 à 60 cm, queue : 15 à 20 cm.

Poids (variable selon la saison et le sexe) : 2,8 à 6 kilos

Animal trapu aux petites oreilles, la marmotte est équipée de puissantes griffes (quatre aux « mains » et cinq au « pieds ») efficaces pour creuser son terrier.

Elle possède une ouïe fine et un excellent odorat. Ses yeux orientés vers le haut lui permettent de mieux scruter le ciel. Sa fourrure épaisse, teintée de brun, beige, fauve et gris, lui sert de manteau en hiver. Le bout de sa queue est toujours noir.

La marmotte est un rongeur de la même famille que l’écureuil. Comme lui, elle porte les aliments à la bouche avec ses  « mains » habiles. Ses quatre longues incisives poussent sans arrêt.
2) Habitat :
Elle occupe essentiellement l’étage subalpin sans arbres et l’étage alpin, installant son territoire de préférence en versant sud /sud-est.

Les pelouses lui permettent de trouver des végétaux en abondance et d’y creuser ses terriers dans un sol épais, meuble et bien drainé.

Les éboulis à gros blocs lui apportent refuges et promontoires pour la surveillance. Elle se plaît aussi aux abords des fermes en ruines, des murets et tas de pierres d’origine humaine.

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Marmotte dans le cirque des Cuzets (Borée)

Photo : Stéphane MITIFIOT
3) Régime alimentaire :
C’est avant tout un herbivore. Elle consomme une grande variété de plantes : feuilles, fleurs, fruits, graines, bulbes, racines. Son régime varie au cours des saisons et comporte également une certaine quantité d’invertébrés (insectes, vers, escargots…)
À l’approche de l’automne, elle mange beaucoup, afin de constituer ses réserves de graisse pour l’hiver.

4) Structure sociale :
Les marmottes vivent en groupes familiaux composés d’un mâle, d’une femelle et de leurs petits de 2 (ou 3) générations. Plusieurs familles, installées à peu de distance, forment une colonie. Elles délimitent leur domaine vital en frottant leurs joues sur les pierres pour laisser leur odeur.

Au printemps, les jeunes subadultes quittent le groupe et se dispersent à la recherche d’un territoire.

5) Terrier :
Une galerie de 3 à 10 m de long et de 20 cm de diamètre aboutit à une chambre large d’un mètre près de laquelle se trouvent des « toilettes ».

Par ailleurs, des trous-refuges peu profonds sont aménagés à la périphérie du territoire.

6) Hibernation :
Vers la mi-octobre, les marmottes entrent en léthargie, couchées dans leur chambre tapissée de foin. Leur coeur bat au ralenti, leur température s’abaisse jusqu’à 5°C.

Une fois par mois, elles se réveillent pour faire leurs besoins. Les premières sorties ont lieu en général au début d’avril.
7) Reproduction :
Fin avril débute la saison des amours. Les mâles se battent pour faire respecter leur domaine.

En mai – juin, les femelles mettent bas 2 à 4 petits, en une seule portée. Début juillet, les marmottons, au pelage gris, sortent du terrier et commencent à goûter l’herbe. Très curieux, ils jouent entre eux et font des cabrioles.
8) Prédateurs :
Le renard roux est actuellement le principal prédateur de la marmotte sur le massif, participant ainsi à la régulation naturelle de cette population. Il s’attaque de préférence aux jeunes, plus faciles à capturer que les adultes. Cependant une certaine cohabitation existe, le renard utilisant souvent un terrier de marmottes pour élever ses petits…

Des oiseaux : au cours de leurs premières sorties, les marmottons pesant quelques centaines de grammes peuvent être la proie des buses variables ou des grands corbeaux.

Depuis quelques années les observations d’aigles royaux, notamment des immatures sont assez régulières sur les territoires colonisés par les marmottes. Mais aucune preuve d’installation sur le massif du Mézenc n’est établie pour l’instant.

Les chiens errants : depuis un certain temps, des familles de marmottes sont dérangées par la présence renouvelée de ces canidés, ce qui entraîne une disparition ou une diminution sensible sur différents sites.
9) Moyens de défense :
La marmotte se dresse fréquemment sur ses pattes arrières pour voir et entendre le plus loin possible. Elle possède aussi un large champ de vision : 300°.
En cas de danger, celle qui surveille prévient les autres par plusieurs coups de sifflet retentissants.
Les marmottes adultes peuvent se grouper pour mordre le renard et le mettre en fuite.

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