Quand l’Europe de l’énergie menace la souveraineté électrique de la France |
Par Michel Faure , vice-président et Jean-Louis Butré , président de la Fédération Environnement Durable. |
|
![]() |
L’ Europe continue de rêver d’un grand marché unique de l’électricité, fluide, intégré, sans frontière. Et pour cela, elle pousse avec insistance à multiplier les interconnexions électriques entre États membres. L’argument est bien rodé : solidarité continentale, optimisation des ressources, sécurité d’approvisionnement. Pourtant, ce récit plat masque une réalité bien plus brutale. Car ces interconnexions, loin de résoudre les déséquilibres structurels de certains systèmes nationaux, les aggravent et les étendent à l’ensemble du continent. Pire, elles menacent directement la stabilité, les prix et la souveraineté énergétique de la France. Depuis vingt ans, l’Allemagne a fait un choix radical : La France en subit les méfaits : La France, dotée d’un système historiquement pilotable, est devenue le principal payeur de compensation. Nos centrales servent à équilibrer les caprices des ENR allemandes, espagnoles ou portugaises. Nos réseaux encaissent les flux inverses de charge. Nos prix sont tirés vers le haut par les coûts marginaux du gaz européen, alors que notre électricité est décarbonée à plus de 90 %. Et maintenant, sous la pression des institutions européennes et des lobbies industriels, on voudrait que nous investissions encore des milliards pour doubler ou tripler nos capacités d’interconnexion. Mais à quoi bon ? La panne d’électricité espagnole est une des conséquences de l’intermittence : La récente crise espagnole suit le même schéma. Faute d’un système fiable, Iberdrola et ses partenaires industriels demandent plus d’interconnexions avec la France, accusée de ne pas être assez « solidaire ». Mais solidarité ne signifie pas soumission. La France n’a ni vocation ni intérêt à devenir la variable d’ajustement d’un continent qui a fait le choix de l’intermittence sans filet. Il est temps de rappeler une vérité simple : Il faut avoir le courage politique de dire non : Il ne s’agit pas de rejeter la coopération : Parce que l’électricité n’est pas un marché comme un autre. C’est un pilier de souveraineté. Et la souveraineté, elle, ne se délègue pas. Michel Faure |