Avifaune du plateau

Retour vers le néant :

Un jeune aigle royal tué par plombs près du Mézenc

Site Zoom 43

Par Annabel Walker 26/10/2021

Un jeune aigle royal a été abattu par un tir aux plombs sur le massif du Mézenc. Or tous les rapaces sont intégralement protégés en France. Cette espèce est, qui plus est, extrêmement rare et se reproduit difficilement. La Ligue pour la protection des oiseaux porte plainte et se constitue partie civile.
« L’aigle royal n’existe plus en Haute-Loire depuis des décennies ; les derniers ont été tirés dan les années 1958 – 1960 à Vabres, vers Alleyras. » Franck Chastagnol souligne l’importance de la préservation de cette espèce. Le chargé de mission biodiversité à la LPO43 (Ligue pour la protection des oiseaux) espère un retour du rapace en Haute-Loire mais les derniers événements le laisse amer. Alors que quelques individus ont établi domicile sur le versant ardéchois du Mézenc il y a quatre ou cinq ans, commençant à faire des petits il y a deux ou trois ans, un juvénile a été tué par un chasseur.
Le 22 septembre 2021, un membre de la LPO a découvert son cadavre près du Mont Mézenc, côté Ardèche. L’oiseau était issu de la deuxième nichée d’un des cinq couples d’aigles royaux d’Ardèche. Né au printemps, il avait été bagué et équipé d’une balise GPS en juin dernier afin de mieux connaître le domaine vital de ce couple. Ne constatant aucun mouvement de la part de l’animal pendant plusieurs jours, la LPO s’est rendue sur place et a retrouvé le cadavre du jeune aigle royal. Une radio, effectuée chez un vétérinaire ardéchois, a confirmé que l’oiseau était criblé de plombs qui ont provoqué sa mort.

Impossible de confondre le jeune aigle avec un oiseau chassable

Pour Franck Chastagnol, les tirs en question sont forcément volontaires car « on ne confond pas un oiseau de 2,30m d’envergure avec une perdrix ! » En effet, quand ils quittent le nid à l’âge de deux mois, les jeunes aigles royaux ont déjà atteint leur taille adulte.
Dans un communiqué, la LPO dénonce « cet acte illégal autant que scandaleux sur une espèce patrimoniale européenne [et] demande que toute la lumière soit faite autour de cette destruction pour identifier et juger le ou les auteurs ». Elle porte plainte et se constitue partie civile.
La LPO rappelle que tous les rapaces sont intégralement protégés en France. Leur destruction par tir ou empoisonnement est interdite par la loi. Or, de nombreux rapaces sont encore victimes de braconnage : faucons pèlerins, milans royaux, gypaètes barbus, aigles royaux… Et les actions en justice « sont trop peu couronnées de succès », regrette la LPO.

Aigle royal. Photo par Ollivier Daeye

« Après la destruction de gypaètes barbus par empoisonnement en Vanoise, ce nouveau cas de destruction d’un aigle royal est absolument inadmissible, réagit Marie-Paule de Thiersant, présidente de la LPO Auvergne-Rhône-Alpes, les rapaces sont tous protégés depuis la loi de 1976, insiste-t-elle, je demande que tout soit mis en œuvre pour identifier les auteurs des faits et que des condamnations fortes soient prononcées. Je fais confiance pour cela à la justice de notre pays. »

L’aigle royal est un oiseau sédentaire des montagnes qui niche dans des habitats rupestres comportant des espaces ouverts pour la chasse. Il peut voir un lapin à plus d’un kilomètre car sa vue est huit fois plus développée que celle de l’humain. Reconnaissable à ses longues ailes qui se terminent comme des doigts, son envergure peut atteindre 2,30 mètres. Il atteint sa majorité sexuelle à l’âge de 4-5 ans ; la femelle pond un à deux œufs.

Il y a actuellement cinq couples d’aigles royaux en Ardèche. Aucun donc en Haute-Loire. « Pour aider cette espèce très rare, il faut non seulement éradiquer le braconnage mais aussi mieux dimensionner les parcs éoliens, voire les rendre impossible dans certains secteurs et lutter contre la pression sylvicole », conclut Photo
Franck Chastagnol. Radio du jeune aigle crible de plombs

Radio du jeune aigle crible de plombs (Photo par LPO)


L’Hebdo de l’Ardèche du 01-07-2021 :

La Tribune- Le Progrès Édition Gier – Pilat


Situé aux confins de la Haute-Loire et de l’Ardèche, le massif du Mézenc est une frontière naturelle entre les hauts plateaux rigoureux du Velay et les reliefs méditerranéens tourmentés du Haut-Vivarais. Il recèle une avifaune particulièrement riche, grâce à la grande diversité des milieux rencontrés.
Les oiseaux nicheurs :

Seuls les plus représentatifs seront mentionnés ici, le nombre total d’espèces avoisinant la centaine.
1) Rochers, éboulis et pelouses rases :
Le merle de roche (synonyme : monticole de roche) : ce petit merle très coloré est l’un des oiseaux les plus remarquables du massif. Il colonise les pointements rocheux du sommet desquels le mâle émet son chant mélodieux.
 
monticole
Monticule de roche
Photo. : C. CHAIZE
Le rouge-queue noir, qui s’installe volontiers dans les villages, niche ici dans son milieu d’origine.
Le traquet motteux s’observe facilement, perché bien en vue, à l’affût des insectes qui constituent son menu.
Le pipit spioncelle ne se reproduit que sur le secteur du Mézenc où il apprécie une végétation rase ponctuée de rochers
2) Falaises :
Le grand corbeau construit son nid de branchages sur une vire. Très démonstratif, notamment pendant les parades nuptiales, il accompagne ses acrobaties de cris gutturaux.
Le faucon crécerelle utilise le même site, mais pond directement sur la roche. Son vol de chasse est caractéristique : il bat des ailes très vite en restant sur place.
faucon crécerelle
Faucon crécerelle
Photo. : C. CHAIZE
L’hirondelle de rochers accroche son nid de boue séchée contre la paroi. Grâce à son plumage brunâtre, elle se confond parfaitement avec son milieu.
Le hibou grand-duc (synonyme : grand-duc d’Europe.) anime les froides nuits d’hiver de son chant grave et sonore : “Hou-oh”.
Ces deux dernières espèces atteignent ici des altitudes record pour leurs sites de nidification.
3) Landes à genêts, broussailles :
Le tarier pâtre : de son poste de guet, il exhibe son beau plumage coloré de noir, de blanc et d’orangé.
La pie-grièche écorcheur empale ses proies – insectes, mulots, petits oiseaux – sur des buissons épineux, constituant ainsi des réserves de nourriture.
Le bruant jaune ainsi que le bruant fou, plus rare, répètent inlassablement leur chant monotone, renversant la tête de manière typique.
Accenteur mouchet, linotte mélodieuse, fauvette grisette sont également des hôtes de ce milieu.
accenteur alpin
Accenteur alpin
Photo. : C. CHAIZE
4) Zones humides, tourbières :
Le busard cendré trouve ici un endroit favorable à l’installation de son nid au sol, caché dans la végétation dense. On dénombre une quinzaine de couples sur les plateaux entre Mézenc et Meygal.
Le vanneau huppé : au cours de la parade nuptiale, le mâle réalise des vols acrobatiques, à grand renfort de bruit d’ailes et de cris.
La pie-grièche grise guette ses proies du haut d’un buisson.
pie grièche
Pie grièche grise
Photo. : C. CHAIZE
Le pipit farlouse se signale par son chant émis en vol descendant, ailes et queue déployées faisant office de parachute.
La bergeronnette printanière niche ponctuellement dans les marais. En migration, elle se déplace en petits groupes, chassant les insectes au milieu des troupeaux.
La grive litorne colonise les bosquets de pins proches des zones humides. En hiver, ses effectifs augmentent fortement avec l’arrivée des oiseaux nordiques.
5) Prairies, pâturages :
Le tarier des prés est omniprésent sur les plateaux. Perché en évidence sur une ombellifère ou un piquet, il fait entendre son chant discret mais agréable. Il imite aussi à la perfection d’autres espèces.
tarier des prés
Tarier des prés
Photo. : C. CHAIZE
L’alouette des champs et sa cousine, l’alouette lulu, se repèrent facilement grâce à leur ritournelle émise en vol ascendant.
La caille des blés : sur le massif du Mézenc, c’est dans les prairies (et non dans les blés !) que ce petit gallinacé se signale par son chant bien connu, traduit par l’expression « paye tes dettes ».
Le busard cendré s’installe également dans ce type de milieu
Mais l’intensification des pratiques agricoles (ensilage et fauches précoces, piétinement par les troupeaux…) compromet fortement ses chances de survie. En accord avec les exploitants, les nids peuvent être protégés par un grillage ou un fil de clôture.
busard cendré
Busard cendré
Photo. : C. CHAIZE
Ces immenses espaces ouverts attirent aussi de nombreux rapaces nichant plus bas dans les vallées : buses, bondrées, milans, circaètes… Ils y trouvent des zones de chasse riches en proies.
circaète
Circaète Jean-le-Blanc
Photo. : C. CHAIZE
6) Forêts :
Le merle à plastron niche exclusivement sur le massif du Mézenc, en lisière des forêts de conifères. Il voisine avec le venturon montagnard, petit passereau granivore, verdâtre à nuque grise.
Le bec-croisé des sapins se suspend aux branches pour extraire des cônes les graines d’épicéa ou de pin. Il peut ainsi élever ses petits à tout moment, même en plein hiver.
Le cassenoix moucheté est noté dans les forêts au pied du Mézenc depuis 1994. L’augmentation du nombre de contacts laisse supposer sa nidification, sans preuve certaine. En automne, il enterre graines et noisettes, qu’il sera capable de retrouver sous la neige.
casse noix
Casse-noix moucheté
PhotO. : C. CHAIZE
Pic noir, bécasse des bois, autour des palombes, chouette hulotte, hibou moyen-duc, occupent aussi les forêts du massif.
7) Hameaux, villages :
L’hirondelle de fenêtre anime les bourgs de ses vols incessants lorsqu’elle nourrit ses jeunes sous les toits. Une belle colonie est installée aux Estables à 1350 m d’altitude.
La bergeronnette grise annonce, par son retour précoce, l’arrivée prochaine du printemps. Avec agilité, elle chasse les insectes sur les lauzes.
Le moineau soulcie, espèce méridionale, apprécie l’ensoleillement estival du plateau.
Martinet noir, hirondelle rustique, rouge-queue noir, eux aussi ne craignent pas la proximité de l’homme pour s’établir dans les villages.
8) Cours d’eau :
Le cincle plongeur marche ou nage sous l’eau pour capturer les larves aquatiques dont il se nourrit.
cincle
Cincle plongeur
La bergeronnette des ruisseaux hoche la queue, posée sur une pierre au milieu du courant. Son cri métallique est audible malgré le bruit ambiant.
Les oiseaux hivernants ou en halte migratoire :
La niverolle et l’accenteur alpin inspectent les landes ou les éboulis, à la recherche d’insectes et de graines.
Le tichodrome échelette se laisse parfois admirer, grimpant sur une falaise ou voletant au-dessus des crêtes.
Le pluvier guignard, arrivant de Scandinavie, fait halte occasionnellement au sommet du Mézenc. Très peu farouche, il se laisse approcher à quelques mètres.
Des bandes de tarins des aulnes et de pinsons du Nord se montrent çà et là, parfois en grand nombre.
Les oiseaux migrateurs :

Le massif du Mézenc est un axe migratoire important pour de nombreuses espèces : pigeons ramiers , rapaces (balbuzard pêcheur, aigle botté, milans, busards…), guêpiers, limicoles, canards, divers passereaux…
Les lacs, plans d’eau et zones humides constituent des zones d’accueil vitales pour les oiseaux aquatiques qui y trouvent la nourriture nécessaire à la poursuite de leur voyage.
Les visiteurs occasionnels :
L’aigle royal :
quelques individus pour la plupart immatures, sont aperçus chaque année, attirés sans doute par la présence des marmottes, leur proie favorite.
Les vautours fauves et moines :
Le développement de colonies assez proches (gorges du Tarn et de la Jonte, Vercors, Baronnies) nous permet d’observer ces magnifiques voiliers survolant les crêtes du massif , à la recherche de nourriture.
vautour fauve
Vautour fauve
Photo. : C. CHAIZE
Le gypaete barbu :
Depuis 2013, 3 oiseaux immatures, dont 2 issus du programme de réintroduction, ont été vus sur le secteur du Mézenc
Une telle richesse avifaunistique ne peut que nous encourager à protéger durablement le massif du Mézenc.
© APPEM 2015
 
Bibliographie :
Pour tout savoir sur les espèces à observer dans notre département : « Guide des oiseaux de Haute-Loire ». Ed. Jeanne d’Arc.
Pour identifier 320 espèces de France et d’Europe, un guide pratique à emporter (petit format) : « Oiseaux » collection « Nature en Poche ». Ed. Larousse.
Pour identifier tous les oiseaux d’Europe (848 espèces) avec descriptions, illustrations, cartes de répartition : « Le guide ornitho ». Ed. Delachaux et Niestlé.
Des ouvrages indispensables pour les passionnés qui veulent approfondir leurs connaissances : « Les passereaux » et « Les rapaces diurnes et nocturnes d’Europe » de Paul Géroudet , le « père » de l’ornithologie moderne. Ed. Delachaux et Niestlé.
 
© Dominique Vigier –


Les populations d’oiseaux communs reculent

L’ÉVEIL publié le 23/02/2021
Les populations de mésanges charbonnières ont diminué de 12 % depuis 2002 en Auvergne-Rhône-Alpes. Ce déclin s’enracine dans l’évolution des activités humaines.

Ph. Agnès gaudin © Agnès GAUDIN
 
Chaque année, les résultats viennent étayer la tendance globale : à l’exception d’espèces très adaptables aux activités humaines, les populations d’oiseaux communs reculent.
L’effet positif des deux confinements sur la dynamique des populations d’oiseaux ? Il reste à démontrer. « Les gens ont plus entendu les oiseaux dans le silence. Mais on ne sait pas encore si cela aura une incidence. On sait, par contre, qu’en bord de mer, ceux qui s’étaient installés sur les plages ont été délogés dès le déconfinement. »
Sans surprise, au moment de décrypter les résultats 2020 du Suivi temporel des oiseaux communs (le programme Stoc de sciences participatives de la LPO et du Muséum d’histoire naturelle, soutenu par la Région), le coordinateur local Romain Riols confirme la baisse des observations.
 
1- En recul de 15 % : depuis 2002Rapportées aux populations de 2002, les observations sur les quelque 200 “carrés” (dont une cinquantaine en Auvergne) sont sans équivoque, malgré les perturbations liées aux contraintes sanitaires. De façon globale, sur les 75 espèces suivies, celles des milieux agricoles, villes et villages poursuivent leur recul : 15 % depuis 2002.
2- Des causes multifactorielles : « Ce déclin majeur a de nombreuses causes liées aux activités de notre société actuelle. C’est notamment la conséquence de la création de paysages homogènes et artificialisés qui empêchent la nature de se développer, de l’utilisation de produits phytosanitaires dans les jardins ou en agriculture, des milieux naturels qui laissent la place à une forte urbanisation. Tout ça induit une forte diminution de la ressource alimentaire et des zones d’habitats nécessaires au cycle de vie des oiseaux. »
« L’avancement des dates de moissons pénalise aussi particulièrement des espèces comme les alouettes ou les busards cendrés : ils passent à la moissonneuse avec leurs nichées au sol », ajoute Romain Riols. Il évoque aussi le retournement des sols juste après les récoltes. « Cette pratique laisse les sols nus et prive les granivores de ce qu’ils pouvaient glaner. »
3- Mieux en forêt :Moins bien dans les plaines agricoles… Les évolutions les plus négatives concernent le bassin rhodanien « qui subit de plein fouet l’urbanisation et la dégradation des milieux agricoles ». Mais les départements auvergnats ne font pas exception. Les espèces présentes dans les milieux forestiers auvergnats semblent mieux s’en sortir, avec des effectifs assez stables (+ 1,4 % sur la Région). Mais les oiseaux qui demandent des forêts matures, anciennes ou avec des écosystèmes aux fonctionnalités préservées résistent moins bien. C’est notamment le cas des mésanges nonnettes (en recul de – 25 % depuis 2002), ou de la mésange boréale. « Ce n’est pas un bon signal sur la qualité de ces forêts », alerte Romain Riols.
« Ce n’est pas un bon signal »
Les oiseaux les plus généralistes se portent aussi un peu mieux (+ 3 % sur la Région. « On voit les plus ubiquistes s’adapter à l’homme. Le pigeon ramier, par exemple. »
4- Ils s’en sortent mieux : L’année offre toutefois quelques motifs de satisfaction, notamment avec la remontée encourageante des effectifs d’hirondelles rustiques qui s’étaient effondrés il y a deux ans.
Idem chez le rouge-queue à front blanc, familier des milieux bâtis, dont les effectifs s’étaient écroulés il y a une vingtaine d’années. On le retrouve dans les zones pavillonnaires avec grands arbres des années 1950. « C’est une espèce qui pourrait bénéficier à long terme de zones pavillonnaires agencées avec des vergers et des arbres. »
De même pour le rouge-gorge familier, dont les effectifs ont augmenté de 13 % depuis 2002.
Le climat ?
Insectivore lié aux milieux agricoles avec un réseau d’arbres isolés, le pipit des arbres a disparu des zones de basse altitude en Auvergne.

Photo Romain Riols
Il a même régressé là où son habitat a peu évolué. Il ne reste abondant qu’en zones de moyenne montagne. La LPO s’interroge sur un lien avec le réchauffement climatique. A-t-il un optimum climatique, comme le rossignol chanteur dont on pense qu’il remonte (il est aujourd’hui plus présent vers 1.000 mètres d’altitude) ?
Fini la plaine
La fauvette des jardins régresse en plaine même dans des paysages stables (-40 %). D’affinité plutôt nordique, friande de haies denses, sa régression sera peut-être un marqueur du réchauffement. En Auvergne, on la trouve encore en vallées alluviales du Val d’Allier.

Photo RIOLS Romain
En Baisse de 65 %
Le moineau friquet, si proche des hommes, souffre : des rénovations qui comblent les creux dans leurs murs et de la régression des petites friches en milieux bâtis. On le trouvait partout. Il reste une petite population autour de Clermont ou Cournon. Elle profite peut-être des espaces de l’aéroport, station d’épuration, bassins de décantation. Il a disparu dans l’Allier.

Photo RIOLS Romain
Tourterelle
Parmi les populations les plus en repli : la tourterelle des bois (- 65 %). La régression est européenne, avec une disparition systématique dans les grandes plaines soumises à l’agriculture intensive. Elle affectionne les milieux agricoles ponctués de petits bosquets et grandes haies arborées : comme autrefois en Limagne d’où elle a disparu. C’est l’une des espèces qui incarne la banalisation de la perte de l’habitat et de ressources alimentaires dans les espaces agricoles. Elle est encore chassée en France, ce que lui reproche l’Europe.
 
Photo Clément Rollant
Anne Bourges


En images, les oiseaux de nos jardins en Haute-Loire

Malin, il gonfle ses plumes pour se protéger du froid… © Vincent JOLFRE

Les oiseaux sont des alliés l’été pour chasser insectes et autres parasites. L’hiver venu, il est donc nécessaire de les aider. Graines, boules de graisse et un peu d’eau leur permettent d’affronter la rudesse de cette saison.
Moineaux domestiques, friquets, soulcies, mésanges charbonnières, rouges-gorges, étourneaux, pinsons du nord, roitelets, chardonnerets élégants ou encore grimpereaux des bois et des jardins, nombreuses sont les espèces qui peuvent être observées dans les mangeoires de nos jardins en hiver.

Les aider en hiver

D’autres peuvent apparaître parfois, voire très rarement, comme les alouettes, dont on reconnaît le chant, le jaseur boréal, qui descend du Nord seulement si les hivers sont très rudes là-haut, ou encore le troglodyte mignon, un tout petit oiseau qui ressemble au roitelet.

Quelques mangeoires avec des boules de graisse et un peu d’eau leur apportent une aide bienvenue. Et, pour l’amoureux de la nature, un joli spectacle à observer…

Comptage. Le week-end national de comptage des oiseaux des jardins est prévu ces 30 et 31 janvier. Infos sur www.oiseauxdesjardins.fr.

Vincent Jolfre

Pour voir le diaporama cliquez sur le lien ci-dessous :
https://www.leveil.fr/puy-en-velay-43000/actualites/en-images-les-oiseaux-de-nos-jardins-en-haute-loire_13885462/


Les éoliennes tuent :

Revue Rapaces de France n° 22


La faune sauvage a profité du confinement :

 



Poser des nichoirs pour sauver les oiseaux cavernicoles

Zoom 43 du 17-02-2020

Si pour les animaux, le printemps est la saison des amours, faut-il encore avoir un nid douillet pour espérer procréer. La dévastation des abris naturels causée par la main de l’homme a condamné des millions d’oiseaux cavernicoles à l’errance et la mort. Cette même main peut contribuer à en sauver quelques-uns.

L’époque est révolue où le paysage campagnard n’était partout que maillage de haies vives, bosquets et prairies, le tout parsemé de vieux arbres qui finissaient par pourrir sur pied“, se désole la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO). Les animaux sauvages, les oiseaux en particulier, trouvaient alors dans ce décor d’innombrables sites où s’installer et élever leurs jeunes, poursuit-elle en substance. La végétation fournissait une multitude de cavités propices aux espèces cavernicoles qui n’avaient que le mal de choisir la mieux exposée, la plus confortable et la mieux préservée des prédateurs.

L’homme, un destructeur mais…

Il n’a fallu que de quelques décennies pour que haies et bosquets partent en fumée et faire de ces cendres des champs cultivés au pesticide ou des espaces goudronnés. La mutation des milieux “naturels” entraîne une modification profonde des populations animales et occasionne parfois des raréfactions dramatiques. Les raisons ? La très meurtrière circulation automobile, la pollution de l’air et des eaux, le braconnage et les épandages d’insecticides qui tuent proportionnellement plus d’oiseaux que d’insectes. À ces raisons majeures viennent s’ajouter, entre autres, l’urbanisation, les lignes électriques à haute tension ou encore la rénovation de l’habitat rural mettant à mort la population des chouettes effraies.

Cavernicole signifie une espèce nidifiant dans une cavité d’arbre, de mur, de rocher ou un nichoir fermé. Ces oiseaux peuvent être les mésanges charbonnières, bleues, noires, les moineaux, les étourneaux et autres rougequeues.

…également un sauveur

Parmi les oiseaux de nos campagnes, les cavernicoles font partie des plus touchés par l’évolution des activités humaines durant ce dernier demi-siècle. Un moyen simple et efficace de favoriser la nidification des oiseaux est la pose de nichoirs adaptés se substituant aux sites naturels détruits. Poser des nichoirs est un acte de protection de la nature qui n’a rien de dérisoire : une espèce peut être maintenue grâce à cette seule action. La méthode offre l’avantage d’être à la portée de tous, mais aussi de procurer des cavités bien adaptées aux besoins des oiseaux à accueillir, de mettre les nichées à l’abri de la prédation et du dérangement et de permettre le contrôle de la reproduction.
Caractéristiques d’un bon nichoir :

Le diamètre du trou d’envol : environ 3 cm maximum.
La position du trou d’envol : à 15 cm du fond. L’oiseau doit avoir la place d’accumuler ses matériaux tout en laissant la profondeur nécessaire pour éviter la chute des oisillons.
L’épaisseur du matériau : jamais inférieur à 1 cm
Une possibilité d’ouverture pour le nettoyage annuel.
La couleur : les chances d’occupation sont plus grandes si les couleurs sont naturelles.
Site de référence : nichoirs.net

Acheter ou fabriquer un nichoir ?

L’achat d’un nichoir est souvent source de déception. Beaucoup de nichoirs vendus en jardinerie par exemple, mais aussi par quelques boutiques « spécialisées » sont inadaptés et n’ont aucune chance d’être un jour adoptés par les oiseaux. Alors que l’idée de fabriquer soit-même un nichoir est accessible à qui que ce soit. Toutes les informations pour fabriquer des nichoirs ainsi que les lieux et la hauteur adéquats sont répertoriées sur nichoirs.net

Les bons choix pour faire de bons nids

Les nichoirs peuvent être mis en place dès l’automne, ce qui permet aux oiseaux de les utiliser comme gîtes durant l’hiver. Mais en mars, et même en avril, il n’est pas trop tard pour en installer. Les nichoirs mis en place plus tardivement auront moins de chance d’être occupés avant la saison suivante. En général, et sauf lorsqu’il s’agit de nichoirs spécifiques, la pose se fait entre 1,50m et 6m de hauteur. L’orientation n’a pas grande importance, mais l’ouverture vers le sud ou le sud-est est la plus appropriée. Il faut également empêcher la pluie de pénétrer à l’intérieur en penchant légérement le nichoir, avec une exposition ni en plein soleil, ni à l’ombre permanente. Enfin, aucune garniture ne doit être disposée au fond comme de la paille ou de la mousse sauf pour quelques espèces telles que la mésange boréale, le pics ou encore la chouette chevêche.
 


Moins d’oiseaux communs: la Haute-Loire n’est pas épargnée

La Tribune- Le Progrès du 02-02-2020
La section régionale de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) a publié un rapport alarmant sur la population des oiseaux communs en Auvergne-Rhône-Alpes : depuis 2002, les espèces des milieux agricoles et des villes et villages ont diminué de 16 %. Le constat est le même dans le département.
Par Lucas Oriol (lucas.oriol@leprogres.fr) – 06:00 – Temps de lecture : 2 min
La tendance est régionale : il y a une baisse de la population des oiseaux communs, notamment des granivores (c’est-à-dire les espèces qui se nourrissent uniquement de grains). C’est aussi le cas en Haute-Loire. Ce sont des oiseaux, comme le verdier ou le chardonneret, qui se nourrissent principalement dans les zones sauvages, de moins en moins nombreuses. La LPO mène un suivi des individus tant dans les villes que dans les campagnes.
Quelles sont les causes de cette diminution ?
« Il y a une artificialisation des terres » explique Franck Chastagnol, salarié à la LPO dans le département. Il constate qu’il y a une bétonisation des espaces , qui entraîne une forte diminution de la ressource alimentaire et des pertes d’habitats nécessaires au cycle de vie des oiseaux. « Il y a la construction de zones d’activités, qui ont parfois du mal à se remplir, lance-t-il, la croissance du béton est plus importante que la croissance de la population ». La mauvaise gestion de l’entretien des espaces verts est aussi l’une des raisons de la baisse démographique de ces oiseaux. La fauche précoce des terrains, privés comme publics, empêche les fleurs de grainer, et prive donc les oiseaux de leur alimentation.
Franck Chastagnol s’inquiète aussi de certains comportements. « J’ai constaté dans certaines communes du département qu’il y avait l’arrachage de haies, qui peuvent apparaître comme nuisibles pour certains, mais qui sont primordiales pour les granivores. Des municipalités utilisent des outils qui ne sont pas adaptés à la problématique ». Enfin, Franck Chastagnol fustige aussi l’utilisation de produits phytosanitaires.
Comment y remédier ?
Chaque problème à sa solution, et pour le salarié de la LPO , « il y a urgence ». Chaque personne peut participer à son échelle : cela peut passer par l’installation d’un composte dans son jardin par exemple, ou la réalisation d’une mare, favorisant ainsi la venue des insectes et des oiseaux. « On peut faire des choses simples » juge Franck Chastagnol. Il appelle aussi à la responsabilité des élus locaux, « si les communes ne montrent pas l’exemple, comment voulez-vous que les administrés suivent ? ».
De son côté, la LPO finance un programme pour replanter les haies au bord des terres agricoles, dans la vallée de la Loire en amont du Puy-en-Velay, pour favoriser la venue d’oiseaux sur ces terrains, et plus globalement, la biodiversité.

Le chardonneret élégant est un granivore. Photo d’illustration