Les éboulis et clapiers phonolitiques

 

Les éboulis phonolitiques, appelés clapiers ou chiers dans le langage local, sont le résultat des actions périglaciaires qui ont sévi durant la dernière glaciation. Ils se présentent parfois sous forme de rivières de pierres, pouvant atteindre le kilomètre, s’étalant sur des pentes relativement faibles. La glace qui a débité la roche à servi de liant pour le transport des blocs rocheux, loin des reliefs d’où ils ont été arrachés.

La végétation n’a pu s’installer qu’entre les interstices des blocs phonolitiques, toutefois sur les marges ou le fond du clapier, là où il n’est pas recouvert par les blocs rocheux, un épais humus a permis l’installation d’une végétation de mégaphorbiaie (Voir Zones humides), alimentée par les eaux  de fonte ou de pluie circulant sous les clapiers.

 

 

Flore des éboulis et clapiers phonolitiques

 

L’Allosaure crépue

 

Dans les interstices des blocs on trouve plusieurs fougères. Une des plus remarquable est l’Allosaure crépue (Cryptogramma crispa (L.) R. Br.) à frondes de deux sortes: les frondes fertiles à lobes étroits, roulés en dessous dans leur jeunesse et portant à leur face inférieure les organes de reproduction (Sores linéaires renfermant les sporanges contenant les spores), et les frondes stériles à lobes plus larges et délicatement découpés, évoquant des feuilles d’ombellifères. Cette fougère se présente en touffes denses d’un beau vert, de juillet à septembre dans toutes les montagnes de France, sur roches siliceuses ou phonolitiques, depuis l’étage montagnard jusqu’à l’étage alpin. Elle est assez fréquente dans le massif du Mézenc.

 

 

La fougère alpestre

 

D’autres fougères peuvent se rencontrer au seins des clapiers et éboulis, telle la fougère alpestre qui pousse à l’étage subalpin: Athyrium  distentifolium Tausch ex Opiz; espèce très proche de la fougère femelle: Athirium filix-femina, elle s‘en distingue par ses sores ( regroupant des sporanges qui sont les organes renfermant les spores) situés à la face inférieure des pinnules et qui sont arrondis et non ovales ou oblongs et obliques chez la fougère femelle, et à son indusie (formation membraneuse protégeant les sores), peu apparente et rapidement caduque. Cette fougère se rencontre  aux étages  montagnard et subalpin  des montagnes, des Vosges aux  Pyrénées et en Corse.

 

 

 

Le Polypode du hêtre

 


Lorsque l’humidité est suffisante on peut trouver entre les blocs rocheux une délicate fougère à limbe de forme triangulaire deux fois divisé, dont les deux pennes basales sont  orientées vers le bas: le Polypode du hêtre; Phegopteris connectilis (Michx) Watt – d’une longueur d’environ 30 cm elle possède des sores arrondis situés en bordure des pinnules.  On la rencontre également sur les rochers humides des forêts froides ou elle peut former de petites colonies. Fougère présente dans toutes les montagnes et en Normandie.

 

La saxifrage de Prost

 

saxifraga prostisaxifrage

Dans l’Ardèche, Jusqu’au  au suc de Touron (Borée), les éboulis des montagnes se parent  de la saxifrage de Prost: Saxifraga prostii Sternberg, plante de 10 – 30 cm. formant des touffes parfois importantes. Elle possède des feuilles en rosette à 5 – (7) divisions linéaires, mucronées (munies à leur extrémité d’une petite pointe), nervées, et d’assez grandes fleurs blanches, à cinq pétales,  groupées par 3-9 en panicule dressée. Floraison de fin mai au début juin, cette belle saxifrage décore abondamment les éboulis du versant nord du suc de Sara et des montagnes environnantes de ses touffes blanches serrées. . Plante endémique du Massif Central, principalement dans les Cévennes.

 

 

 

Le genevrier nain

 

genevrier nain

Sur les éboulis stabilisés depuis longtemps, des arbustes arrivent à s’installer. En altitude on trouve, le pin à crochet (Pinus mugo subsp. uncinata (Ramond ex DC.) Domin) introduit dans la région, le genévrier nain: Juniperus communis L. subsp. nana (Hook.) Syme, de la famille des Cupressaceae, au port prostré, s’étalant largement sur les blocs rocheux. Ce genévrier recouvre parfois de grandes étendues  formant des landes  monospécifiques. Outre son port prostré, ce genévrier se distingue du genévrier commun par ses feuilles dressées appliquées contre les rameaux, plus courtes, plus larges, et plus épaisses que chez le genévrier commun, et brusquement terminées par une pointe courte. Ces feuilles présentent une bande blanche à la face supérieure.

 

Le cotonéaster à feuilles entières

 

Plusieurs espèces d’arbres ou d’arbustes de la famille des rosacées fréquentent les éboulis et clapiers. L’une d’elle est le Cotonéaster à feuilles entières: Cotoneaster integerrimus Medik, arbrisseau dépassant rarement un mètre ; à feuilles entières, vertes et glabres sur le dessus, grisâtres-tomenteuses en dessous. Ses fleurs petites sont jaunâtres ou rosées, solitaires ou groupées par 2-5 en corymbe. Le fruit luisant et glabre, gros comme un pois , est de couleur orange à rouge à maturité. Cet arbuste se rencontre également dans les landes à éricacées ( Callune, Airelles)

 

 

 

 

 

Le rosier à feuilles de pimprenelle

 

rosier pimprenellerosier pimprenelle 2

Le rosier à feuilles de pimprenelle: Rosa spinosissima L., petit arbuste peu élevé, souvent nain, couvert d’aiguillons très nombreux, entremêlés d’acicules (aiguilles fines, droites et rigides) ; se rencontre dans les éboulis et dans la frange à sorbiers, lisière qui marque la limite altitudinale de la forêt et le  début de l’étage subalpin. Ses feuilles comportent de 7 à 9 folioles, petites, arrondies, glabres, Fleurs blanches, grandes, solitaires ; le fruit (ou cynorrhodon) est d’un rouge noirâtre à maturité. Ce rosier peut se rencontrer parfois dans des éboulis et rochers à plus basse  altitude.

 

 

 

 

 

Le sorbier de Mougeot

 

Petit arbre de la famille des rosacées, le Sorbier de Mougeot: Sorbus mougeotii Soy.-Will. & Godr., s’installe sur les bords des éboulis ou dans les landes à la limite supérieure des forêts. Espèce proche de l’alisier blanc: Sorbus aria avec lequel on peut le confondre. Ses feuilles sont vertes au dessus et cendrées-tomenteuses à la face inférieure (plus blanches chez S. aria), ovales, lobées ‘non lobées chez Sorbus aria) dentées, à lobes décroissant de la base au sommet. Fleurs blanches disposées en corymbe étalé.. Son fruit est une drupe ovoïde, orangée, acidulée.. Arbre  ou arbuste des montagnes de l’est de la France des Vosges aux Pyrénées centrales.

 

 

 

Hêtraie de la Roussille

Le groseillier des rochers

 

Dans les éboulis, ou les rivières de pierres, sous couvert forestier, se rencontre parfois le groseillier des rochers: Ribes petraeum Wulf., (famille des grossulariacées) petit arbrisseau de 1 à 2 mètres, non épineux. Ses feuilles sont grandes à 3 – 5 lobes aigus, profondément dentées, pubescentes et ses fleurs rougeâtres hermaphrodites disposées en grappe fournie le distinguent du groseillier des Alpes: Ribes alpinum L., arbuste aux feuilles plus petites généralement à trois lobes et à fleurs d’un vert jaunâtre, unisexuées, portées par des pieds différents (Plante dioïque),. Les fruits du groseillier des rochers sont des baies en grappes pendantes, rouges, glabres, à saveur acerbe.

 

 

 

Le Nerprun des alpes

Très rare côté Haute-Loire, plus fréquent sur le versant ardéchois, le Nerprun des alpes : Rhamnus alpina L., de la famille des rhamnacées est un arbuste dressé, non épineux, un peu tortueux à feuilles alternes, ovales, obtuses, finement dentées à 7-14 paires de nervures, saillantes en dessous, et parallèles. Fleurs verdâtres, dioïques (fleurs mâles et femelles sur des pieds différents) groupées en faisceaux, calice à 4 lobes triangulaires, aussi longs que le tube ; 4 pétales oblongs bien plus courts que le calice ou nuls. Présent dans toutes les régions montagneuses surtout calcaires de l’est de la France, dans les Pyrénées et en Corse.

 

 

 

Les chèvrefeuilles

Plusieurs arbustes de la famille des chèvrefeuilles ( Caprifoliacées) peuvent se rencontrer dans la région du Mézenc : Lonicera nigra. Le chèvrefeuille noir; Lonicera xylosteum: camérisier à balais, sont des espèces forestières; seul Lonicera alpigena L. le chèvrefeuille des Alpes, se trouve à plus haute altitude dans les éboulis subalpins du Mézenc. C’est un arbrisseau d’environ 1 mètre, à rameaux dressés, bruns ; feuilles épaisses, oblongues, effilées en pointe au sommet (acuminées). Fleurs géminées, rosées ou rougeâtres.  Plante des Montagnes: Vosges, Jura, Massif Central et Pyrénées. Ses fruits sont des baies soudées entre elles et confondues en un seul fruit, ovoïde, rouge à maturité.

 

 

La libanotis des Pyrénées

 

Plante localisée dans les éboulis et les pierriers du versant ardéchois du massif du Mézenc, très rare versant Haute Loire: la Libanotis des Pyrénées: Libanotis pyrenaica (L.) O.Schwarz,  (Synonyme: Seseli libanotis); est une Apiacées ou ombellifère de 40 cm à 1 m. Sa tige est robuste, très anguleuse, à feuilles oblongues dans leur pourtour, à limbe très finement divisé, à segments  opposés et linéaires. Fleurs blanches disposées en une grande ombelle de 20-40 rayons à involucre et involucelle (Petites folioles entourant le bas de l’ombelle et de l’ombellule, parfois absentes ou caduques) à folioles nombreuses ; fruit pubescent, ovoïde. Plante des coteaux secs surtout montagneux dans une grande partie de la France.

 

 

Le séneçon à feuilles

 

Epèce exceptionnelle en Auvergne ne se rencontrant que sur le sommet du Mont Mézenc, et que l’on ne retrouve en France que dans les Pyrénées Orientales (départements: 66, 09, 11), à des altitudes généralement supérieures à 2000 mètres; le séneçon à feuilles blanches: Jacobaea leucophylla (DC.) Pelser (syn: Senecio leucophyllus), recouvre de ses feuilles argentées et de ses fleurs d’un jaune éclatant , les éboulis et rochers sommitaux du Mézenc au dessus de 1650 mètres.

C’est une plante de la famille des Astéracées à tige simple de 10 à 30 cm. entièrement blanche argentée ainsi que les feuilles, couleur due aux poils cotonneux qui la recouvrent. Feuilles de la base en touffe, divisées en lobes ovales arrondis,  celles de la tige plus petites sont à segments oblongs. Inflorescence en corymbe compact, formée de nombreux  capitules (juxtaposition de nombreuses fleurs sur le même pédoncule élargi en plateau ex: la marguerite) brièvement pédicellés. Fleurs radiées (avec au centre, des fleurs en forme de petits tubes ou tubulées et à la périphérie, en forme de languettes ou ligulées) d’un jaune d’or à  5 – 7  (12) ligules.

 

 

 

 

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